GUY SCHIBLER

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Une jetée est une amorce, la possibilité d’un commencement, un mouvement immobile, un élan retenu, un starting block, une catapulte, une flèche sur l’arc bandé, une promesse d’aventure.

Rien ne fait d’elle une zone de tranquillité, de farniente, de contemplation. La jetée est exposée : aux tumultes de l’eau et du vent, au froid, à la dureté des choses, à leur contingence et à leur absurdité. Mais elle est solide, arrimée. Elle fait face.

La jetée n’est pas un pont, elle n’a pas d’autre rive ; qui sait vers quoi elle nous embarque ? Vers une ligne d’horizon, oui. Mais celle-ci est seulement le signe de ce qui l’outrepasse.

Dans la vie, il nous arrive de faire du surplace, ou de revenir sur nos pas, ou de chercher un quelconque au-delà. La jetée nous éloigne de tout cela, nous oriente ailleurs. Elle nous invite au dépassement de soi ; en elle résonne l’appel d’un par-delà.