GUY SCHIBLER

Ce diaporama nécessite JavaScript.

Rues-Basses

 La photographie de rue nous importe d’habitude par ce qu’elle montre, le théâtre spontané de la vie urbaine. J’ai voulu ici renverser la perspective et me demander « Qu’est-ce que voir la rue ? ». M’intéresser au sujet regardant. Faire ma vérité de la phrase convenue qui dit que « tout est affaire de point de vue ». La réalité de la rue me préoccupait donc moins que le regard qui la rencontrait en face de lui.

Je ne me suis pas fixé sur le regard ordinaire de l’adulte, lequel a une certaine liberté, peut s’orienter, se focaliser, se détourner, au gré de ses déambulations, de ses intérêts, de ses désirs. J’ai souhaité montrer un regard différent, celui du petit enfant dans sa poussette. Pas pour montrer ses yeux, mais pour voir ce que ses yeux voient. Adopter son état de contre-plongée permanente. J’ai voulu répondre par l’image à quelques questions : qu’est-ce qu’un point de vue d’enfant sur la rue ? qu’est-il contraint de voir et que ne voit-il pas ? par quoi est-il agressé ? de quelle réalité son champ de vision le rend-il captif ?

Nous sommes au centre de Genève, juste avant les fêtes de fin d’année, et nous marchons. Que voit l’enfant dans sa poussette ? Des jambes, des fesses, des paquets, le sol, des bébés, des adultes tout en haut, des chiens, des trottinettes, des vélos… Tout cela vient sans cesse percuter son regard. Un appareil de photo s’est mis à sa place, pour nous faire partager son expérience.