Série 05 – Allondon

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Allondon

Un camping en hiver, de la neige. On ne voit personne. C’est comme un village fantôme. Il y a là un mélange d’ordre et d’abandon. Certaines caravanes ont été préparées pour une longue hibernation, d’autres sont laissées aux caprices du climat. Elles parlent toutes de ce qu’habiter veut dire. On sait bien que, pour chacun de nous, le domicile habituel est le lieu d’une mise en scène de soi, un moyen de montrer ce que l’on est ou ce que l’on fait semblant d’être. Mais cette mise en scène est en quelque sorte noyée dans la vie ordinaire. La caravane sédentarisée, elle, ne fait pas l’objet de cette neutralisation. Elle apparaît donc comme une forme simplifiée (dessinée à gros traits) et extériorisée (portée à distance) de représentation de soi. Choix du modèle, équipement, décoration, aménagement des alentours immédiats : tels sont les ingrédients et les étapes de cette représentation.

Le camp de caravanes nous révèle énormément de choses, mais avant tout le fait que nous chargeons les lieux dont nous faisons notre habitat de toutes sortes d’ambivalences. Les désirs qui s’y actualisent sont fondamentalement contradictoires, entre ouvert et confiné (le plein air et l’espace réduit), sauvage et maîtrisé (la nature et la propriété), exotique et local (l’esprit safari et l’esprit drapeau), transgression et règle (la décontraction et l’ordre), prétention et modestie (le luxe et la vie simple), folie et cliché (l’originalité et le conformisme). Dans notre rapport à l’habitat ordinaire, ces dualités sont présentes, mais sous forme élaborée, donc adoucie. Ici, nous les retrouvons dans leur état brut, natif. Un état que l’on peut comparer à l’enfance.