Série 04 – Jeu, Mabuse
Ce diaporama nécessite JavaScript.
Jeu, Mabuse
Je suis parti du film de Fritz Lang, Dr. Mabuse le Joueur (1922), œuvre muette avec intertitres. S’y déploie une réflexion sur le jeu (sur les liens entre jeu et pouvoir, jeu et commerce, jeu et finance, jeu et séduction, jeu et ivresse, jeu et aventure, jeu et art, bref : sur jeu et vie) qui me paraît très actuelle, et somme toute très sérieuse.
Mais comment saisir l’essentiel de cela par le moyen de la photographie ? J’ai imaginé de mettre de côté les images de Lang et de ne garder du film que ses intertitres, d’opérer une sélection de ceux-ci, puis de les transformer en sous-titres et de les intégrer à de nouvelles images que je réaliserais moi-même. Les sous-titres, numérotés, dessineraient à grands traits l’histoire du film. Et mes photos entreraient avec eux dans un rapport de correspondance lâche, parfois visible, parfois discrète, presque absente. Il y aurait du jeu, et donc un jeu, dans ces liens entre images et textes.
Le projet a pris forme petit à petit. En définitive, le travail consiste en une association de soixante-trois sous-titres – comme les soixante-trois cases du jeu de l’Oie – avec des photographies du quartier des Banques à Genève (situé entre la place de Neuve et le Rhône). Pourquoi cet endroit ? A cause de ses liens avec au moins deux thèmes majeurs du film (la finance et le spectacle comme terrains de jeu). Ce quartier, lieu de tant de transactions mystérieuses, est aussi un véritable décor. Il ose le faste et l’ostentation, et constitue un véritable pied de nez à l’image d’une Genève sobre et puritaine. C’est évident à la place de Neuve, véritable concentré de théâtralité, mais c’est également vrai dans les rues adjacentes.